En pleine crise, le BTP chinois essaie de redémarrer

Le BTP s’est, depuis plusieurs mois, muré dans un attentisme encore jamais vu depuis que la crise financière a atteint son pic. En effet, la conjoncture, entre géopolitique tumultueuse et crise économique, n’a eu de cesse d'accroître les coûts des matières et de l’énergie, soit directement, soit par pure spéculation. La Chine, véritable usine du monde, n’est pas en reste avec une crise immobilière qui bat son plein et dont le gouvernement cherche par tous les moyens à résorber.


Une stratégie à double tranchant

A la fin des années 90, l’arrivée d’internet a permis de réduire considérablement les distances et d'accroître la rapidité de communication entre les Terriens, augmentant ainsi les flux commerciaux à travers le monde. La mondialisation s’étendait et la Chine s’est rapidement imposée comme le pays capable d’absorber les nouveaux flux de demande qui ont forcé bon nombre d’industries à se délocaliser pour produire plus et à moindre coût, une aubaine pour l’Empire du Milieu.

En un rien de temps, le gouvernement chinois a vu son économie prospérer, l’incitant à investir dans plusieurs secteurs, dont celui de l’immobilier. Or, la Chine a fait ce qu’aucun autre pays n’avait encore fait jusqu’à lors : investir près du tiers de son PIB dans le seul secteur de l’immobilier tandis que les autres pays ne dépassent pas les 18%, et se situent plutôt généralement autour des 10%. Cet investissement a eu pour effet de considérablement accélérer le développement du pays, modifiant le paysage urbain de très nombreuses villes qui sont passées de petites bourgades pourvues de rares petits immeubles à de véritables métropoles démesurées n’ayant rien à envier aux fameux buildings de l’Oncle Sam.

Cette stratégie a eu ses effets bénéfiques, le pays permettait aux promoteurs d’obtenir très facilement des prêts tandis que les ménages de la classe moyenne s’enrichissaient et accédaient à la propriété en un rien de temps. Il faut savoir qu’en Chine, la tradition veut qu’un foyer doit posséder son bien avant d’y fonder une famille. Malheureusement le pays a vu sa stratégie subir un revers, et non des moindres.

Deux éléments viennent perturber la fête : la baisse démographique et la crise économique. Le premier élément est tout droit issu de la politique de l’enfant unique et de l’avortement choisi, la politique drastique du pays à vouloir contrôler à la fois sa démographie, et les Chinois à choisir le genre de leur descendance pour des raisons pratiques (notamment en zone rurale) a fait que désormais le pays subit un déséquilibre hommes / femmes important ainsi qu’un déséquilibre naissances / décès aboutissant à un vieillissement considérable de la population active.

Ajoutons à cela le fait que la Chine a pris la décision de serrer la vis sur l’accès aux crédits par les promoteurs, comprenant tardivement que l’investissement massif de son PIB dans un seul secteur était devenu trop risqué, et vous obtenez une crise économique sans précédent pour le géant asiatique.

Les promoteurs se sont donc rapidement endettés et l’arrivée de pays concurrents comme l’Inde ont vite fait de faire perdre des parts de marché au pays. La classe moyenne commence à s’appauvrir peinant à accéder désormais à la propriété, et par corollaire, à fonder une famille, ce qui accentue le déséquilibre démographique et accentue l’affaiblissement économique du pays.


Quelles solutions ?

Le gouvernement chinois a très vite compris son erreur, mais malheureusement trop tard pour sauver des entreprises comme le géant Evergrande, fleuron des promoteurs chinois qui a vu ses actifs fondre comme neige au soleil depuis sa mise en liquidation judiciaire en fin d’année 2023. Un symbole de la crise que traverse le pays et qui a vite fait d’alerter les autorités.

Le contrôle démographique n’est plus d’actualité. Le pays a besoin de redresser la barre sur le plan démographique, sachant qu’il est désormais dépassé par l’Inde avec 1,43 milliards d’individus contre 1,41 milliards, avec un pourcentage de population active en deçà de son voisin indien. Outre ce changement stratégique pour “réarmer” démographiquement sa population, le secteur du BTP et celui de l’immobilier avaient grand besoin d’aide. Les autorités n’ont pas pour autant remis en route cette facilité d’obtention de prêts des promoteurs, une solution bien trop risquée par les temps qui courent, mais elles ont investi massivement dans le secteur pour aider celui-ci à combler ses dettes et ainsi redresser la santé financière lui permettant par la suite d’obtenir des prêts et de lancer de nouveaux projets.

Une stratégie dont les effets restent pour le moins timides, le secteur restant encore dans l’expectative. Les secteurs de l’immobilier et du BTP restent donc encore en hibernation, cependant, la Chine semble bien décidée à vouloir relancer la machine et si elle y parvient, cela permettra sans doute au reste de l’économie de suivre la tendance.

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